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mardi 5 mars 2013

Le Miracle de Saint-Ursmer, 14 juillet 1543

Le culte de Saint-Ursmer est très ancien et de nos jours, le Saint Patron de Binche porte encore pour certains le symbole du défenseur de la ville. Nombreux sont ceux qui disposent d'un buste ou d'une image de Saint-Ursmer dans leur salon.

Une procession lui est consacrée à Binche le dimanche proche de la date à laquelle il est fêté, le 19 avril.

La gravure ci-dessous représente un événement marquant de la ville qui a certainement concurru à l'aura que le personnage a eu dans la cité : le Miracle de Saint-Ursmer.



Elle a souvent été utilisée dans les feuillets de prières de la paroisse Saint-Ursmer dont cette image est issue.
Il s'agit d'une lithographie datant de 1870 par Vasseur Frères, grande famille de lithographes habitant Tournai mais originaire du Pas de Calais en France. Certaines reproductions de cette litho mentionnent également "Lebon-Degandt" de Binche.

Le Miracle de Saint-Ursmer est survenu sur les remparts de la ville le 14 juillet 1543, laquelle subissait le siège tenu par Henri II, Dauphin de France et son frère Charles II, Duc d'Orléans.
Dans la guerre qui opposent François Ier à Charles Quint, le roi de France souhaite que soit prise la ville de Binche. Ceci lui ouvrirait la porte de Bruxelles et le nord des Etats Généraux.
Le siège dura 2 jours, du 13 juillet au 15 juillet. Les assiégeants le levèrent finalement devant la résistance opposée par les habitants et la garnison commandée par le préfet Philippe de Namur.

D'après le-dit miracle, alors qu'ils étaient en mauvaise posture, les Binchois assiégés portèrent en procession le buste de Saint-Ursmer sur les remparts après lui avoir apposé, en guise de collier, les clés de la ville pour lui demander de protéger Binche des assaillants. A la suite de quoi, durant la nuit, les Français s'étaient enfuis et avaient abandonné le siège de la ville.

Gilles Waulde, illustre doyen de Binche, né vers vers 1596 à Bavay, contemporain des Archiducs Albert et Isabelle, consacra un livre à Saint-Ursmer et à l'Abbaye de Lobbes. Le titre de son ouvrage est "La vie et miracles de St Ursmer, et de sept autres Saints avec la chronique de Lobbes, recueillie par M. Gilles Waulde, natif de Bavay, Licencié en Théologie. Pasteur, Chanoine et Doyen de Chrétienté de Binche". Il l'a écrit en 1628 et imprimé par l'imprimeur Jean Havart qui possédait l'enseigne L'Aulne d'Or à la rue de Havré à Mons. Dans cette ouvrage, il retrace le miracle en ces termes dans la partie intitulée "Livre Neuvième" qui est consacrée à ce qu'il appelle la Chronique de Lobbes :
L'an mille cinq cent quarante trois, le Dauphin de France avec son frère le Duc d'Orléans, assiégea la ville de Binche de si près, qu'il fît brèche aux remparts. Les assiégés manquaient de vivres et munitions de guerre. De sorte que le gouverneur de la ville, Charles de la Hamaide, et les bourgeois se trouvèrent en grande perplexité, néanmoins ils ne laissaient de se défendre, car les personnes mêmes du Chapitre les mettaient très bien sur leur devoir pour ce fait. Et la voix commune fut que le Doyen, nommé Maître Jean de la Tour, étant sur la tour carrée de la maison des Religieuses de l'ordre de Saint Augustin, qui tient aux murailles de la ville, mit bas d'un trait de couleuvrine, un des principaux du camp de l'ennemi. Mais nonobstant tout cela, comme leurs affaires allaient de mal en pis, leur dernier recours fut en la miséricorde de Dieu, qu'ils implorèrent par les mérites de Saint Ursmer leur Patron, et leur foi fut si grande qu'ils portèrent en révérence son sacré chef sur les remparts, lui chargeant les clés de la ville sur le cou, le faisant comme leur défenseur. Chose admirable, avant que le soleil se fut levé, le Français abandonna le siège, et se retira par l'abbaye de Bonne-Espérance. Où, étant arrivé, quelques principaux de l'armée interrogés pourquoi ils avaient quitté le siège, puisque personne ne les chassait arrière? Ils répondirent qu'il n'était possible de continuer la batterie, pour le nombre des Religieux qui s'étaient présentés sur la brèche, lesquels ils ne voulaient offenser, vu qu'ils n'étaient ennemis de la Religion Catholique. Il est pourtant bien certain, que lors il n'y avait aucuns Religieux dans cette ville. C'était donc le Glorieux Saint Ursmer qui se montrait terrible aux adversaires environné, de ses compagnons Gardiens et Tutélaires de la ville, avec plusieurs autres bien-heureux de sa suite, comme un second Elisée, qui fit voir à son serviteur la montagne pleine de chevaux, et chariots de feux, envoyés de Dieu pour son garant, et fit entendre un grand bruit au camp de ses ennemis, qui leur donna l'épouvante telle, qu'ils ne trouvèrent meilleur conseil, que de se retirer parmi les ténèbres, abandonnant leur tente et partie du bagage. C'est une tradition très affleurée en cette ville, que cette délivrance fut du tout miraculeuse, laquelle m'a été confirmée par Monsieur le Prélat moderne de Bonne-Espérance F. Nicolas Chamart, et qui même me l'a certifié de sa main que j'ai chez moi, comme l'ayant souvente fois entendu raconter, pour un grand miracle de Saint Ursmer, par son prédécesseur F. Jean Luc premier Abbé Mitré; natif de Binche. Monsieur le Prélat aussi de Lobbes, D. Guillaume Gillebart, pareillement natif de Binche agé de vingt-trois ans, trépassé depuis le premier mai de cet an 1628. De bonne mémoire, m'a témoigné avoir vu encore quelques peintures sur la muraille du rempart, au lieu où le Sacré chef de Saint Ursmer avait été posé durant me siège avant dit. De quoi aussi j'ai la signature de la Révérence: par dessus quelques bourgeois des plus anciens d'ici, gens de crédit, m'ont répondu de cette histoire, arrivée le quatorzième de Juillet. Certain personnage nommé Jean de Troye en fit un poème héroïque, qu'il dédia à D. Jean de Lanoy Abbé d'Aulne, avec autres vers à l'honneur de Saint Ursmer et ses compagnons. Un chanoine de cette église nommé Anselme Barbet, qui depuis fut Doyen du Chapitre personnage très digne de sa charge, en a laissé deux distiques pour mémoire.

Sources :

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